La Fondation Internationale Femmes Sans Violences – Women Without Violence International Foundation (WWVIF), et les signataires de cette tribune, s’inquiètent vivement de la situation de plus en plus précaire et instable à laquelle sont confrontées les femmes syriennes en raison des récents développements politiques dans leur pays.
Les autorités syriennes, actuellement en place, doivent prendre en compte les textes internationaux portant sur les droits des femmes et des filles, et les faire respecter dans toute leur entièreté.
Nous demandons aux gouvernements européens et aux instances internationales, dans leurs échanges avec les nouvelles autorités syriennes, d’aborder en priorité et de défendre fermement le respect des libertés et droits fondamentaux des femmes et des filles : protection face aux violences de tout type, y compris les mariages précoces, et leur prévention, sanction contre les agresseurs, refuges et centres de réhabilitation pour celles qui ont été incarcérées, accès aux postes de responsabilité, y compris au niveau ministériel, à l’éducation, y compris dans l’enseignement supérieur, au travail, au système de santé, aux médias, liberté d’association, de publication, de circulation dans l’espace public, de choix dans leurs tenues vestimentaires..
Le système judiciaire, autrefois soumis au dictateur, avec des procès inéquitables et qui a condamné au pire, des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, doit redevenir indépendant de toute autorité politique ou religieuse, que ce soit sur le plan civil ou pénal.
Après avoir subi des déplacements massifs, une longue période de conflits, et d’innombrables actes de violence sous le régime de Bachar al-Assad puis sous l’État islamique, les femmes syriennes se retrouvent aujourd’hui confrontées à de nouvelles incertitudes concernant leurs droits fondamentaux et l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce sentiment d’abandon est aggravé par l’inaction des pouvoirs politiques européens et des institutions internationales.
Les dégâts sont déjà immenses pour toutes les femmes syriennes, quelles que soient leur origine ethnique, religieuse ou leurs opinions politiques. Toute passivité supplémentaire de la communauté internationale serait inacceptable.
La paix et le dialogue sont indispensables pour garantir enfin la liberté et la sécurité des femmes et des filles syriennes, dans toute leur diversité. Ce n’est qu’à travers un soutien international coordonné que cette région pourra espérer se reconstruire sur des bases solides de paix et de démocratie. Les femmes syriennes, qui ont enduré des années de guerre et de discriminations, ont droit à la démocratie, de participer au processus de paix pour créer un avenir meilleur et de se mobiliser pour le développement de leur pays.
Women Without Violence, fondation internationale, avec des femmes venues des quatre coins du monde, refuse de rester silencieuse.
Nous avons été témoins des conséquences dévastatrices de l’inaction européenne et internationale face aux violations massives des droits des femmes et des filles en Afghanistan et en Iran, ainsi qu’au recul de leurs droits en Irak et en Turquie au cours des dernières décennies. Leur liste est si longue, entre autres : le bannissement des femmes de toute vie sociale, éducative, de l’accès au système de santé s’est installé en Afghanistan, des forces réactionnaires veulent abaisser l’âge du mariage des filles en Irak, les Iraniennes sont arrêtées et torturées parce qu’elles réclament de vivre librement, les défenseures des droits des femmes en Turquie sont interpellées victimes de mauvais traitements, menacées… Nous estimons qu’il est de notre devoir d’agir pour que le sort des femmes et des filles syriennes soit meilleur que celui connu ailleurs dans le Moyen et Proche Orient. La chute de la dictature syrienne devrait permettre au contraire plus de progressisme et d’avancées pour elles et pour l’ensemble de la société
Les femmes doivent pouvoir retrouver leur place dans la vie sociale et politique, libres de toute incertitude et de peur. L’inaction et l’indifférence ne peuvent être de mises à l’heure où l’avenir de la Syrie a besoin de toutes ses forces, y compris de celles des femmes de ce pays.